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Photo du rédacteurWilliam Beville

Volonté divine et conquête spatiale

Dernière mise à jour : 30 nov. 2023





Lorsqu'on demanda à l’alpiniste anglais Georges Mallory pourquoi il continuait à essayer de gravir l’Everest, celui-ci aurait répondu : « Parce que c'est là. » Cette soif de découverte, cet irrésistible appel de l’inconnu est une caractéristique propre à l’être humain.  L’histoire des hommes peut ainsi être interprétée comme l’exploration inexorable de la planète, entrainée par un esprit prométhéen de connaissance, d’aventure et de conquête.


La terre a aujourd’hui été explorée dans sa quasi-totalité, à l’exception de quelques zones très reculées et des fonds marins, elle a en outre été parfaitement cartographiée grâce aux progrès de la photographie par satellite depuis la fin des années 70. Un chapitre s’est donc clos dans l’histoire des hommes, la planète n’offre plus véritablement d’horizons inconnus : « Nous avons exploré toute la terre, essayé tous les régimes politiques et même réalisé toutes les formes des arts. C’est l’homme qui a fini le monde, et à moins d’être resté dans les cavernes, il ne pouvait en être autrement. Mais cela ne fait pas notre bonheur, parce que nous sommes avides d’exploration, de nouveauté. Savoir que le monde est fini n’est pas une simple information, mais une réalité bouleversante qui nous touche dans nos corps et nos âmes. » Pierre-Henri d’Argenson, la fin du monde et le dernier dieu.


Cet insatiable désir de conquête ne pouvant plus se porter sur notre planète, les hommes lèvent à présent les yeux vers les espaces infinis du cosmos. La colonisation humaine d’autres planètes ne relève aujourd’hui plus de la science-fiction, elle est envisagée avec le plus grand sérieux par les acteurs projetant sa réalisation dans les décennies à venir.  Etats, corporations et intérêts privés bénéficient de moyens de recherches croissants et réalisent des progrès spectaculaires sur le plan technologique (le plus représentatif étant Elon Musk et sa société SpaceX ). La conscience des menaces qui pèsent sur la planète, notamment le dérèglement climatique et la surpopulation, sont suffisamment inquiétantes pour que l’option de la colonisation interplanétaire soit prise en compte par les autorités scientifiques. Les agences spatiales gouvernementales et privées semblent également le penser et se sont tournées en conséquence vers la seule planète à notre portée : Mars.


Bien que Mars ne soit pas la planète la plus proche de la Terre (un voyage Vénus-Terre serait plus court), c'est la seule planète de notre système solaire que les humains seraient éventuellement capables de coloniser. Cette planète aride, semblable à un désert, est cependant loin de fournir les conditions idéales pour l’implantation de colonies humaines. Son atmosphère est trop fine, l’air non respirable, la végétation ne peut pas s’y développer et l’eau liquide est absente de sa surface. Il y règne une température moyenne de -63 degrés, accompagnée de rayonnements solaires mortels et d’une gravité inférieure à celle de la terre.


Une question légitime se pose alors à l’homme, pourquoi abandonner la planète terre, berceau de l’humanité ; verdoyante, fertile et luxuriante pour ce désert infernal qui recouvre la surface de Mars. Dans une perspective chrétienne, nous pouvons tirer des écritures quelques indices capables de nous éclairer. La Bible ne nous donne pas beaucoup de détails sur la question de la domination de l’espace par l’homme, mais nous pouvons examiner certains passages pertinents pour tenter de parvenir à une conclusion.

Tout d’abord, nous savons que Dieu a ordonné à son peuple de dominer la terre : « croissez et multipliez, remplissez la terre et l’assujettissez ».


Il y a donc un appel clair, de la part de Dieu, à conquérir et à peupler la terre entière. Cependant, il n’y aucune mention claire de l’exploration humaine de l’espace même si certains passages de la Bible peuvent nous laisser entendre qu’elle est contraire à la volonté divine : « Le ciel, même les cieux, appartiennent au Seigneur, mais il a donné la terre aux enfants des hommes » Psaume 115


Les Psaumes constituent néanmoins une littérature poétique et recourent aux symboles pour exprimer la vérité divine. Nulle part ailleurs, dans les écritures, le concept n’est évoqué sous un jour négatif, certains psaumes peuvent même nous persuader du contraire comme le psaume 8 « tu as donné à l’homme la domination sur les œuvres de ta main. » Dieu ayant créé le cosmos, rien n’empêche d’interpréter cet extrait comme la permission donnée à l’homme de conquérir l’univers. De plus, comme indiqué dans Genèse 1 : 14-15, l’étendue inclurait également le soleil, la lune et les étoiles, l’homme aurait donc reçu la domination de l’espace extra-atmosphérique.


De la même manière qu’il existe une terre promise, y aurait-il une planète promise, prête à accueillir le peuple de Dieu dans la poursuite de son destin ? Pourquoi cette planète serait-elle hostile ? Est-ce un défi lancé à l’humanité ? Il existe un tiraillement entre l’élan prométhéen des hommes, leur désir de se surpasser et l’impératif d’humilité face à Dieu, exprimé clairement dans les écritures. La conquête spatiale est -elle un acte d’orgueil, au même titre que la construction de la tour de Babel ? Le devenir de l’homme est-il de se projeter dans un environnement où la vie est absente ? Si l’homme est par nature un être de mouvement, comme la nature et le cosmos, il parait inéluctable que cet élan vital le mène un jour vers d’autres mondes.


Les chercheurs estiment que les problèmes posés par les conditions de vie sur Mars sont surmontables. La NASA a en effet confirmé, après 40 ans de preuves accumulées lors de diverses missions robotiques, qu’il existe de l’eau sur Mars, principalement sous forme solide et sous la surface de la planète. Les missions actuelles étudient la manière dont cette eau pourrait être extraite et utilisée. Différentes pistes de recherche sont également à l’œuvre afin de mettre au point une technologie capable de produire de l’oxygène à partir des ressources limitées de la planète. Des travaux sont également menés sur le développement des colonies spatiales, conception des habitats, alimentation énergétique, construction de serres gonflables destinées à cultiver la nourriture…Elon Musk, patron de SpaceX et pionnier dans le domaine, estime que l’homme sera en mesure de coloniser Mars d’ici 20 ans. En y créant une ville totalement autonome, une nouvelle civilisation pourra ainsi prospérer sur la planète, en attendant de rêver à des explorations humaines plus lointaines…


La conquête spatiale nous rapprochera plus sûrement de la découverte de qui nous sommes. Elle implique, il est vrai, une forme de rébellion spirituelle, dans la mesure où elle ne considère  plus comme immuable notre attachement au seul berceau de l’humanité. Mais si Dieu a permis aux hommes d’acquérir la technologie capable d’explorer et conquérir l’univers, pourquoi réprimer l’élan vital qui l’entraine irrésistiblement vers l’inconnu ?


Il y a dans la puissance verticale de l’arrachement des fusées vers le ciel quelque chose de la révolte des hommes de se trouver seul sur terre face au vide sidéral. Cette aspiration vers le ciel, que l’on retrouve dans les flèches des cathédrales, procède d’une volonté constante de tendre vers le créateur. L’humanité est peut-être à la veille de devenir une espèce multiplanétaire, elle donnera alors un écho extraordinaire à l’enseignement de la genèse « croissez et multipliez ».




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