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Photo du rédacteurWilliam Beville

Saint Georges de Lydda, le chevalier suprême

Dernière mise à jour : 24 nov. 2023



Saint Georges et le dragon, sculpture sur bois attribuée à Bernt Notke, 1489, Cathédrale de Stockholm.



Parmi les innombrables saints peuplant l’histoire chrétienne, l’un des plus spectaculaires fut sans doute George de Lydda. Prouesse, courtoisie, honneur, générosité et foi furent les vertus incarnées par Saint Georges au point de faire de lui le saint patron de la chevalerie. Connu principalement à travers sa confrontation emblématique avec le dragon de Silène, Saint Georges inspira de nombreux chefs-d’œuvre, notamment le fabuleux ensemble sculpté trônant dans la cathédrale de Stockholm (illustration). Allégorie de la victoire de la foi chrétienne sur le mal, cet épisode est également l’illustration parfaite des qualités morales et guerrières du chevalier.


Selon la Passio sancti Georgii, un ancien codex enluminé du XIII siècle, George naquit autour de 280 apr. J.-C. à Mazaca, en Cappadoce, d’un père persan et d’une mère originaire de Syrie-Palestine. Ce furent ses parents qui l’élevèrent dans la religion chrétienne, mais George apprit également l’art de la guerre, tant et si bien qu’au terme de son éducation, il s’enrôla dans l’armée de l’empereur Dioclétien. Il sut se démarquer et démontrer son habilité, au point qu’il devint un des gardes du corps de l’Empereur. Cependant, quand ce dernier entama une féroce persécution contre les chrétiens, Georges lui remis son glaive, en signe de démission. Revenu dans sa ville natale, il y trouva sa mère mourante, laquelle approuva dans son agonie la décision de son fils. Après la mort de sa mère, Georges distribua sa fortune personnelle aux pauvres et projeta un pèlerinage en terre sainte sur les lieux de la passion du christ, apportant déjà les preuves de sa ferveur chrétienne et de son exemplarité.


Mais l’histoire retiendra surtout l’épisode de sa confrontation avec le dragon de Silène. Cette légende fut rapportée à l’époque médiévale par Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée, ouvrage relatant la vie d’environ 150 saints et saintes. D’après celle-ci, la ville de Silène, en Lybie, était la proie d’un redoutable dragon, semant la terreur dans la région et réclamant chaque jour aux habitants un tribut de deux brebis. Mais le bétail fût rapidement insuffisant et le dragon réclama bientôt en offrande des êtres humains. Désespérés, les villageois de Silène commencèrent alors à effectuer un macabre tirage au sort entre leurs enfants.


C’est au moment où la princesse de Silène, fille du roi locale, fut tirée au sort que Saint George se présenta aux portes de la ville. Il proclama que Dieu l’avait envoyé pour battre le monstre, à condition que tous les habitants de Silène accueillissent la foi en Christ. Le roi et tous ses sujets acceptèrent de se faire baptiser, et ainsi Saint George affronta le dragon, l’apprivoisa et le fit conduire en ville par la princesse, attaché avec une simple ceinture. À la vue d’un tel miracle, tout le monde se convertit et le dragon fut tué. Le roi offrit à George la moitié du royaume en récompense (et probablement la main de sa fille en mariage), mais George refusa. Il proposa à la place d’utiliser l'argent pour s'occuper des pauvres et construire une église.

 

L’admirable courage dont Georges fit preuve pour combattre le monstre ne fut égalé que par son sa générosité envers les pauvres de Silène. Jacques de Voragine utilise dans son récit le terme « envenimé » pour décrire la nature maléfique du dragon. Ce terme évoque le poison toxique du mal symbolisé par le monstre, à la fois dans sa dimension physique et spirituelle. Saint George se révéla être l’antidote à ce poison, le souffle de Dieu purifiant l’air vicié du chaos et de la peur.

 

A aucun moment Georges ne se laissa corrompre par l’or, ni ne tenta de gagner les faveurs de la princesse. A ses yeux, elle était un enfant de Dieu, souffrant et en grande détresse, voilà pourquoi il était de son devoir de là sauver. Dans sa noblesse, la princesse demanda deux fois à Georges de se sauver, mais la volonté du héros était inébranlable. Juste avant de charger, Georges se signa, se rapprochant du Seigneur au moment le plus périlleux. Les passions qui l’animèrent alors devinrent les fondements du code de conduite de la chevalerie chrétienne : honneur, désintéressement, esprit de sacrifice et défense des plus humbles.


Par ses glorieux faits, Saint Georges devint le prototype parfait du chevalier chrétien, le saint patron de la chevalerie.

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